« Il y a une fissure en toute chose »
Il y a cinq ans, j’étais déchirée au plus profond de mes entrailles. Il y a cinq ans une fissure immense béait, traversant mon corps, mon coeur et mon âme. Meurtrie par le choc et l’incompréhension, l’obscurité avait pris la place dans tout mon être. J’étais dans un tunnel, plongée dans une nuit noire. Sans visibilité, j’avançais à tâtons. J’ignorais où j’allais. Je marchais de façon automatique, un pas devant l’autre. Parfois je trébuchais. Je me heurtais contre les parois rugueuses de ce tunnel. J’avais mal. Je tombais face contre terre. J’y restais plus ou moins longtemps. Le temps de reprendre mes esprits. Parfois, ma tête tournait. J’étais emportée dans un tourbillon de sentiments. Parfois je ne faisais que pleurer pour vider mon corps de toutes ces larmes.
D’autres fois, je restais allongée sur le sol si froid juste à attendre que le temps passe…À attendre que mon cœur soit moins lourd et mon corps aussi…
Et là je fermais les yeux….
D’un coup je faisais un bon dans le passé.
Je me vois le ventre rond. Je te sens bouger. Ton père et moi allons, sans le savoir, faire la dernière échographie que l’on aura de cette grossesse, celle du second trimestre. Tu souris à l’écran 3D. Un vingtaine de jours plus tard, je te portes dans mes bras. Tu ne souris plus. Tu ne pleures pas. Tes yeux regardent dans le vide. Ton corps est inerte. Tu ne vis plus.
C’est le chaos.
Mon cœur s’emballe.
J’ouvre les yeux. Il fait nuit dans la pièce et dans tout mon être.
Je referme mes yeux pleins de larmes.
« C’est ainsi qu’entre la lumière »
Le soleil me pique les yeux. Les rayons traversent mes paupières. La lumière devient de plus en plus forte. Je baigne dedans. Je suis bien. Où suis-je ? J’ai l’impression de nager dans un océan d’amour. Je veux y rester. Et là je te sens. Tu me caresses. Je t’entends. Tu me chuchotes alors : « Ne t’inquiète pas maman, ça va aller ».
J’ouvre mes yeux.
Je suis sur un nuage.
Plus rien ne peut m’atteindre. Je me sens plus forte que jamais. Je me sens libérée. Je te sens libre. Ton bien-être a eu raison de mon mal-être. Je me dois d’aller de l’avant. Je me dois de faire entrer la lumière dans ma vie. Je ne pourrais jamais te dire assez merci, mon fils. Eden, grâce à toi j’ai ouvert les yeux. Cinq ans après je lutte encore parfois contre ce combat interne avec l’obscurité. Mais ta lumière remplie d’amour surpasse tout. Et aujourd’hui, je la vois à travers les yeux de ta soeur. Ta lumière s’est répandue en nous. Notre vocation est maintenant de la diffuser. Je sais que c’est le cadeau que tu m’as offert Eden. Et toi, en retour et pour tout ce que tu m’as apporté, tu es mon cadeau du ciel.
Joyeux anniverciel Eden. Je t’envoie ma plus belle lumière, reçois-la en gratitude.
– Ta maman qui t’aime plus que tout et au-delà de tout –